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Le blog de Niandou Ibrahim
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11 septembre 2024

La conscience peut-elle être achetée? 

La conscience peut-elle être achetée? 
La cogitation autour de la question serait brève si on se contentait d’une certaine image de vulgaire marchandise que l’actualité socio-politique récente de notre pays veut donner de « l’engagement citoyen», de « la conscience révolutionnaire », « de la conscience patriotique » : L’image d’une offre de service ; l’image d’une proposition d’emploi de conseiller. En revanche, dès que l'on scrute la conscience comme une conviction intérieure profonde, la réflexion devient plus ardue, plus exaltante. 
Si la conscience était comme une tomate ou une brochette de chèvre - peu importe, qu'elle soit accomplie, mûre, grillée - ou crue, verte, saignante - une transaction autour d’elle n'aurait aucune contrainte, au-delà des consentements des partis. L’approbation du vendeur et de l’acheteur, moralement, naturellement, économiquement, socialement, communautairement pour ne pas dire politiquement, est l’unique condition pour une opération du déménagement de propriété. Deux « oui » des deux parties en présence matérialisent cet espoir de bénéfices mutuels qui donne un sens au marché. 
Une marchandise est faite pour être marchandée, achetée, vendue. Dès lors que la marchandise est achetée, qu’a-t-elle d’autre à attendre que d’être «utilisée », « consommée » par son légitime « propriétaire », l’acheteur ?  Je l’achète donc je le mange. Je peux acheter une tomate donc je peux manger la tomate sans que la tomate n'ait de conditions, d'exigences que ce que j'aurai décidé de lui appliquer. La dignité ne saurait se manifester. Neutralisée.
Il se trouve que la conscience est autre chose qu'une tomate. C'est une foi nourrie de connaissances, d'histoires, d'expériences, d'analyse, de moral, de lumière, individuels (et collectifs). Une conviction, un engagement, une cause. Pour tenter de l'acheter, il faudrait ouvrir les têtes, les cœurs, les âmes. Ouvrir les têtes, les cœurs, les âmes de l'Homme conscient (ou du peuple conscient) est synonyme de suicide de l'acheteur car "prendre conscience" est intra-humain, non transactionnel. C'est pourquoi les exercices (tentative) de monétisation de la conscience (individuel ou collectif) sont appelés corruptions et finissent par la trahison, la déchéance, en tout cas de retombées éphémères. Ce sont de ces instigateurs de ces conflits et de ces gâchis que parlent Cherbuliez Victor en disant qu’ « Il y a des gens intelligents qui ne savent pas ce que c'est qu'un scrupule, et qui, n'ayant qu'une conscience intermittente, ne croient guère à la conscience d'autrui. »
La conscience est de l'ordre du délibéré et de l'indomptable si non elle ne serait que tomate, légume comestible, et matière première à la soupe vite consommée. La conscience résiste aux vulgaires marchandages qui ne s'alignent à la cause. Cette noblesse la met hors de portée l'achat. 
Stanislas Leszczynski  (Le philosophe bienfaisant, 1764) soutient ainsi que " La conscience est une loi aussi incorruptible que sévère, et qu'il n'est pas possible de rompre, ni d'affaiblir. Ses reproches sont plus terribles que le mal que nous faisons. Elle épouvante les scélérats, et si elle ne peut les rendre plus sages, elle les rend plus malheureux." 

On n’achète pas le respect. Même pas au prix de la vie!! La cause, l'engagement, la conscience survivent à la menace, à la "nomination", à la mort d'où le "la patrie ou la mort..." d'une certaine conscience !! Une certaine conscience dont la conscience semble être notre recours le plus sérieux à l’heure où les rares philosophes qui résistent encore aux ombres menacent de déposer la plume, fatigués de prêcher dans le désert ; à l'heure où les poètes se lassent de "lettres au Président"; à l’heure où les rares cyclistes qui pédalent encore constatent l’ampleur infranchissable des précipices et de la côte à escalader. A l'heure où tant de points levés s'abaissent mollement, dévalués. #Iyo

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